Camille Dansereau
J’ai eu une discussion avec une docteure et biologiste de l’environnement, madame Louise Hénault-Ethier, durant ce long confinement dû au coronavirus. Chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, elle y a pour tâche de transmettre les connaissances environnementales au grand public ainsi qu’aux décideurs politiques.
Mme Hénault-Éthier affirme qu’en marge des dommages sociaux importants qu’il provoque, le coronavirus a un impact positif sur l’environnement par rapport aux GES (Gaz à Effet de Serre) : « Il y a une réduction des GES grâce à l’arrêt de plusieurs transports et au ralentissement des usines de charbon, des industries et du transport maritime. » Elle confirme même que la baisse est plus importante que jamais auparavant.
« Par contre, ajoute-t-elle, c’est une réduction qui semble ne pas suffire à arriver à nos objectifs dans le cadre de l’accord de Paris. On sait aussi que dès que l’économie va se relancer, il y aura un rattrapage au niveau des émissions de gaz. » Elle affirme qu’il faudra mesurer le bilan environnement du coronavirus avec des analyses a posteriori. De plus, elle ne peut affirmer que l’impact bénéfique que subit la planète est là pour de bon : « D’après moi, dès que nous allons rouvrir les marchés, il va y avoir un retour rapide de la pollution. Je ne pense pas qu’on a donné un assez long moment de répit à la Terre pour éviter les problématiques. »
Elle m’a aussi informée sur le fait qu’il y a d’autres impacts positifs autres que la diminution des GES. « Il y a d’autres polluants qui sont notoires et qui subissent une diminution, mais non totale. On a noté une réduction des NO2 qui a été mesurée par imagerie satellite. » Ces autres polluants sont des précurseurs de smog, c’est donc bien évident qu’il y a un impact bénéfique. Elle ajoute aussi qu’il y a une diminution des particules fines dues au charbon et aux usines industrielles.
Elle m’a cependant annoncé que le confinement a peut-être aussi un impact positif sur notre santé, car il y a 5 polluants actuellement moins présents qui, combinés ensemble, provoquent habituellement des problèmes cardiorespiratoires et des irritations au niveau des poumons, en plus d’exacerber des symptômes dans le cas d’une grippe. « Leur réduction pourrait avoir un impact bénéfique sur la santé et la mortalité. Il y aurait même moins de mortalité liée à la Covid-19 qu’à ces gaz, selon une théorie. »
Malheureusement, il y a aussi des points négatifs sur l’environnement, mais ils ne sont pas dus à la maladie directement : il y a une forme de pollution visuelle qui s’installe. « La consommation des items à usage uniques comme les gants, les masques, les produits désinfectants, les blouses et les produits incessants, même si c’est nécessaire pour sauver des vies, il y a des répercussions visuelles. » Elle ajoute aussi que tout le système mis en place pour le recyclage des bouteilles consignées vient d’être bouleversé, car on ne peut plus les consigner.
Nous sommes encore loin de mesurer pleinement l’ensemble des impacts, positifs et négatifs de la COVID-19 sur notre société, et notamment sur l’environnement.