Une application dangereusement populaire

Camille Dansereau

Bien que la plupart des jeunes ne voient pas les dangers qui les entourent, ils sont bel et bien là, peu importe les précautions prises. En ce moment, l’application la plus populaire avec plus de 500 millions de téléchargements (environ 500 000 téléchargements par mois depuis son apparition) partout dans le monde en 2018 est le fameux TikTok. Cette application devait, à la base, divertir ses utilisateurs qui se situaient entre 12 et 18 ans. Malgré l’âge minimal de 13 ans, certains ont commencé beaucoup plus jeunes sur « l’ancêtre » de TikTok : Musical.ly. En résumé, cette application permet aux utilisateurs de faire de courtes vidéos d’eux-mêmes sous différentes formes : danse, défi, sketch, play-back, etc. On ne peut quasiment pas sortir dehors sans voir un ou plusieurs jeunes faire des danses parfois bizarres ou s’extasier lorsqu’un passage d’une chanson se fait entendre. Cette application ensorcelle les jeunes qui l’utilisent. Pour vrai, c’est assez énervantde voir ces répercussions partout. Ce n’est pas parce que j’utilise Facebook que je vais commencer à dessiner son logo partout !

Je dois reconnaitre que certains des utilisateurs ont des talents particuliers et assez rares. Voici quelques exemples de personnes qui ont réussi à se démarquer : @charlidamelio https://www.tiktok.com/@charlidamelio/, @lilhuddy https://www.tiktok.com/@lilhuddy, et les membres de la Hypehouse https://www.tiktok.com/@thehypehouse. Certaines musiques donnent envie de danser ou de reproduire ce que l’on y voit. Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Pas toujours, ça c’est certain.

Laissez-moi vous expliquer ce que l’on retrouve dans les vidéos d’une durée moyenne de 15 secondes. On y retrouve souvent du n’importe quoi ainsi que des cerveaux qui ne fonctionnent pas à leur pleine capacité… Les personnes plus âgées (16 ans et plus) font des vidéos osées où l’on peut apercevoir des fesses, de petits shorts, des brassières ou même des émotions faciales qui peuvent indiquer autre chose qu’un simple sourire… Par exemple, une fille de 15 ans se maquille pour avoir l’air de 20 ans, danse du ventre, fait bouger ses fesses et ses seins, pointe la caméra (ce qui donne l’impression qu’elle nous pointe), articule beaucoup trop intensément pour qu’on puisse voir « ses dents parfaites » et nous fait des clins d’œil. Il y a peut-être des noms qui vous viennent en tête comme @iamtianatrudeau https://wikifamouspeople.com/iamtianatrudeau/ou @masha_nass_2166 https://www.instagram.com/p/B9H8D-jlI_2/. Dans ma tête, ça sonne des cloches au niveau PROBLÈME.

On ne se cachera pas qu’avant, à 12 ans, on jouait à la tague ou on se faisait des tresses… rien de très osé, je dirais… On ne s’amusait pas vraiment à imiter les autres, car on ne les voyait pas. En fait, on imitait les Totally Spies ou Naruto lorsqu’il court. Aujourd’hui, c’est si facile de voir des vidéos de jeunes filles qui semblent parfaites et qui viennent bouleverser directement notre vision de nous-mêmes, car l’accès est un peu plus évident qu’avant. On était plus porté à vouloir ressembler à la fille populaire de l’école, car il était facile de la voir. Les jeunes filles et jeunes garçons qui voient les modèles qui s’exposent sur TikTok peuvent se sentir écrasés ou laids, alors la solution est de les imiter ! Déjà il y a un peu moins de deux ans, on s’en inquiétait dans Paris Match, un média français paradoxalement reconnu pour accorder beaucoup de place dans ses pages à l’image des corps : « sur TikTok, ils baignent dans une ambiance de superficialité à outrance et culte du corps », « Tout est fait pour être beau et faire envier les autres », « Certaines utilisatrices, dans leur course aux likes, se filment en sous-vêtements, dénudées et ultra-maquillées », « C’est l’économie du clic : plus il y en a, plus ça fonctionne, plus on est addict et plus il y a une cible commerciale potentielle. » L’inquiétude ne date pas d’hier !

Malheureusement, de nos jours, c’est ce que doivent faire les jeunes pour être vus, aimés et devenir populaires. Mais au-delà des effets inquiétants sur l’estime de soi, il y a un autre problème, peut-être plus gros encore. Voir des foufounes se dandiner ou des torses nus de jeunes garçons, c’est super ! Oui, oui, SUPER pour les pédophiles ! Quoi de mieux qu’une foule de jeunes enfants et adolescents qui font des vidéos sur internet ? Les pédophiles sont au paradis, non ? De plus, ils ne se cachent pas et ne se gênent pas pour faire des commentaires inappropriés. Ce n’est pas le but de tous d’attirer les regards en étant sexy ou trop belles et beaux, certaines personnes le font pour s’amuser. Malheureusement, tout cela ne passe pas inaperçu aux yeux des prédateurs, comme le confirmait le HUFFPOST : « En 2017, un père de l’Illinois, Brad Frakes, avait contacté ABC News pour mettre en garde les parents alors qu’un étranger avait demandé à sa fille de 7 ans de se dénuder devant sa caméra sur Musical.ly, l’ancêtre de TikTok. »   Évidemment, ces monstres existent depuis très longtemps et abordaient des jeunes sans l’aide d’internet, mais aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile ! Et s’il n’est pas question pour elles « d’aborder » quelqu’un, ces personnes sombres peuvent néanmoins se satisfaire à distance, le tout en étant très confortables dans leur lit sans craindre de se faire prendre. En plus, ils peuvent créer de faux comptes aux allures normales, ce qui facilite les choses…

Mais ce n’est pas tout, il existe un autre problème que génère cette plateforme : les commentaires… Les populaires se permettent de passer des commentaires dénigrant les personnes moins talentueuses ou moins belles selon eux. Si tu es grosse, laide, si tes cheveux sont en bataille, que ta dent est croche, si tes danses ne sont pas synchronisées ou parfaitement réussies, si tes effets sont maladroits, tu vas te faire envahir de commentaires désolants. Comme on peut le voir dans la vidéo La Face Cachée De TikTok réalisée par Le Roi Des Rats, les commentaires sont assez moches : « Ton nez c’est le missile, Drôle de tête, T pas du tout en bombe mdr, etc. »  Ce n’est pas tout le monde qui va subir ce genre de jugement désobligeant, mais une grande majorité le vit. De plus, il y a des compilations de « Pires TikTok » où l’on retrouve les caractéristiques mentionnées plus tôt.  

Prenez le temps de regarder autour de vous, de voir si quelqu’un de votre entourage possède cette application. Peut-être que cette personne l’utilise correctement ou peut-être que non. On n’est jamais certain lorsque les parents n’ont pas le contrôle de ce que leurs jeunes enfants font ni d’avec qui ils sont en contact.