Anthony Langevin
Le duo Jean-François Rivard et François Létourneau nous revient avec une énergie fraîche et décapante après plus de trois ans de repos. Bien connus du public du petit écran grâce aux séries Les invincibles et Série noire, les deux collègues de longue date marquent le tour du chapeau avec C’est comme ça que je t’aime.
De « Lyne la pas fine » à « Marc Arcand », le tandem Rivard/Létourneau nous a offert des personnages et des histoires inoubliables. La comparaison est inévitable, leurs œuvres précédentes présentaient de grandes manifestations de créativité. Et ils se sont surpassés avec C’est comme ça que je t’aime en nous offrant leur production la plus originale à ce jour. En effet, ils arrivent à jouer habilement avec les personnages de la ville de Sainte-Foy pour en tirer une histoire de meurtres, de couples cocus et de marxisme-féminisme !
Une recette explosive.
Au fil du récit, on découvre des personnages savoureux, à commencer avec les deux couples et personnages principaux de l’histoire, Gaétan et Huguette Delisle puis Serge et Micheline Paquette. Ces personnages nous sont dévoilés comme deux couples mal en point, remplis de mensonges, d’infidélités et de pulsions meurtrières. Ils s’opposent à René-Richard Cyr qui vole la vedette en personnifiant le caïd de Sainte-Foy de façon remarquable ; un personnage mémorable. Sophie Desmarais interprète Marie-Josée, une employée déjantée de Serge Paquette qui nous offre des répliques plus drôles les unes que les autres. Elle s’affiche comme une marxiste-féministe lesbienne politique. C’est d’ailleurs un aspect qui ressort de cette série : les femmes ont une présence assez forte, notamment l’indéchiffrable Huguette qui commet en toute banalité le premier meurtre. Tout le long de l’histoire, ce sont souvent les femmes qui font avancer le récit. L’égalité entre les personnages nous offre des scènes merveilleuses ponctuées de répliques tordues. Ces personnages se nouent parfaitement pour former une histoire totalement loufoque qui nous surprend à tout coup.
Comme dans un rêve.
L’histoire, située en 1974, nous captive grâce à ses décors et ses costumes fidèles aux années 70. Rien n’est laissé pour compte, toutes les préoccupations de ces années sont présentes : de l’hygromètre accroché au mur en passant par l’engouement ridicule pour la crème de menthe autour d’un minibar jusqu’au filtreur de piscine traité comme la prunelle de ses yeux. Tout semble exagéré et parodié, pourtant ça ressemble étrangement aux photos de mes grands-parents. Il faut aussi souligner le fait d’avoir habilement inséré dans la fiction des personnages réels comme Robert Bourassa et « le petit Simard », ce qui contribue à nous situer dans le temps et à nous plonger efficacement dans l’ambiance de cette époque. Jean-François Rivard signe une de ses meilleures œuvres en tant que réalisateur puisqu’il arrive à donner encore plus de force et d’originalité au scénario de François Létourneau en incorporant toutes les folies et tendances des années 70 dans ses images.
Dans l’époque difficile du COVID-19, C’est comme ça que je t’aime nous propose un voyage dans le temps tout à fait divertissant.
C’est comme ça que je t’aime
Série télévisée de François Létourneau. Avec François Létourneau, Marilyn Castonguay, Karine Gonthier-Hyndman et Patrice Robitaille. Québec, 2020, 10 épisodes