Pascale Dubois, orthophoniste de l’organisme Regroupement Langage Québec et de l’Ordre des Orthophonistes du Québec, raconte comment elle travaille avec des jeunes atteints du Trouble Développemental du Langage.
Jonathan Broué
Rôle de l’orthophoniste
Pascale Dubois commence en précisant qu’à l’école primaire, l’orthophoniste a pour rôle d’intervenir auprès des élèves touchés par le Trouble Développemental du Langage. Il fait des suivis auprès de ces élèves, en sous-groupes comme individuellement. Pascale Dubois, elle, vient en aide à des jeunes âgés de 12 à 15 ans. À l’inverse, certains orthophonistes interviennent auprès d’élèves de 4 ou 21 ans. Mme Dubois évalue les élèves en difficulté afin de détecter s’ils ont un TDL. Elle spécifie que, dans un contexte scolaire, ce trouble est lié au code 34. Ce dernier soutient les élèves atteints ayant la possibilité de poursuivre l’école jusqu’à l’âge de 21 ans. De plus, l’orthophoniste offre du support et des conseils à l’école et aux professeurs afin de trouver des trucs pour venir en aide aux étudiants. Ces trucs servent à donner des objectifs spécifiques aux enseignants (utiliser un vocabulaire simple, s’assurer que l’élève ait bien compris les consignes, etc.) Pascale Dubois mentionne qu’il faut parfois utiliser des supports visuels, ces derniers ayant prouvé leur efficacité.
Dépistage
Le TDL est irréversible et présent dès la naissance. « On n’a pas encore trouvé de gène ou de cause précise », mentionne l’orthophoniste. Les premières consultations en orthophonie arrivent vers l’âge de deux ans, si l’on remarque que l’enfant a du mal à s’exprimer. En consultation, Pascale Dubois a mis en place des tests d’audition qui permettent de s’assurer que l’enfant est fonctionnel à ce niveau. D’ailleurs, une démarche similaire est utilisée lors des tests de la vue. Si les difficultés langagières persistent dans le temps, une intervention et des suivis sont planifiés pour accompagner l’enfant et l’aider à s’améliorer. « Il faut que ça persiste dans le temps et ait un impact sur son fonctionnement dans la vie », précise Pascale Dubois. Toutefois, il arrive parfois que le trouble s’avère léger et n’est détecté que plus tard, vers l’âge de 13 ans. « L’intervention précoce est super importante », précise la professionnelle.
Le TDL décortiqué
L’orthophoniste mentionne qu’avant, la dysphasie (terme synonyme) était catégorisée (sémantique, pragmatique, etc.). Par contre, cette dénomination par types n’existe plus aujourd’hui; elle a été remplacée par l’acronyme T.D.L. (Trouble Développemental du Langage). Cet acronyme est maintenant utilisé internationalement pour éviter la multiplication d’appellations diverses désignant ce seul et même trouble. « On va plutôt décrire quelle sphère langagière est atteinte », mentionne Mme Dubois. Le TDL est un trouble neurologique qui touche le fonctionnement du cerveau et la zone chargée du langage. Lorsqu’elle parle de la sphère langagière, Pascale Dubois la décortique en plusieurs catégories, telles que la production de sons, le vocabulaire, le discours, la compréhension et l’expression du langage, etc.
Quand une personne est sévèrement atteinte, les difficultés sur le plan personnel sont décuplées. La socialisation, l’apprentissage, l’estime de soi et plusieurs autres aspects sont touchés. « Quand tu as un Trouble Développemental du Langage, tu es plus à risque d’avoir de la difficulté dans ces sphères-là », mentionne Mme Dubois.
Il y a de cela 20 ans, le TDL était moins connu que les autres troubles d’apprentissage en raison de la trop petite quantité de professionnels et de chercheurs impliqués dans ses recherches. L’orthophoniste conclut en expliquant que certains parents se comparent à leur enfant atteint de TDL puisqu’ils ont eux-mêmes déjà eu de la difficulté à l’école.
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Photo : Pascale Dubois, membre de l’Ordre des Orthophonistes du Québec